La Compagnie

UN THEATRE POLITIQUE. La belgosuisse a été fondée en 2002 par un collectif de comédiens réunis autour de la metteuse en scène et costumière Anna Van Brée. De saisons en saisons, les artistes et les créateurs se retrouvent engagés ponctuellement de projet en projet, ce qui ne donne que très peu de continuité à une recherche sur nos pratiques théâtrales.

Une envie commune de se retrouver régulièrement sur un plateau et de s’offrir un espace de recherche de longue haleine, permettant de développer un travail sur la durée a ainsi, au départ, motivé la création de ce collectif. Cette collaboration rend en effet possible la construction d’un groupe qui traverse ensemble des expériences et développe un langage commun.

Dans la belgosuisse, nul n’est qu’acteur sur le plateau, tous les artistes sont également engagés au sein du collectif sur les choix artistiques ou structurels que celui-ci a à faire. Une aspiration à une vraie hiérarchie horizontale dans le protcole de fonctionnement et d’organisation pourrait être inscrit à la première ligne du manifeste du collectif.


Une compagnie à géométrie variable avec noyaux dur, pour approfondir, de spectacles en spectacles un langage. Pour la belgosuisse, chaque spectacle émerge d’une nécessité, d’une question créée par le précédent.

Esthétiquement, pour le collectif, la superposition est plus intéressante que l’unification : un récit dominant, un système de lecture omnipotent nous semble difficilement conciliable avec notre vision du monde.

Le moteur qui légitime notre prise de parole par le théâtre est la volonté d’identifier les structures coercitives, autoritaires et hiérarchiques de notre société, afin de les examiner et de mettre à l’épreuve leur légitimité. Lorsqu’il apparaît que ces structures ne peuvent se justifier, il s’agit de les remettre en question et ainsi d’élargir l’espace de la liberté.


« Le théâtre est un outil de questionnement pas un modèle d’éducation, de pouvoir, de pression ou de domination. » (Alain Badiou, Le siècle.)

 

Pour résumer

Le travail que nous avons mené avec la compagnie jusqu’à présent a été d’essayer de questionner la relation entre l’individu et la société par le biais de la scène. Notre approche se veut politique, considérant la scène comme un lieu de débat, un laboratoire apte à mettre en perspective notre relation vis-à-vis de ce qui nous détermine ainsi qu’envers le pouvoir. Nous avons essayé de retrouver dans le passé des signes, des pistes, des clefs pour nous aider à formuler un projet de société pour aujourd’hui.

Nous avons ainsi travaillé sur le rapport à l’art, à la création et à la manipulation médiatique dans le spectacle Jeff Koons. Pour UTZGUR, nous nous posions la question de la transcendance, de l’héroïsme ou de l’acte héroïque à travers les Grecs et le terrorisme.

Faust, relu au travers du prisme du livre Règle pour le parc humain de Peter Sloterdijk, traita la faillite de la pensée humaniste et de l’idée moderne du sur-moi. Nous avons retourné tout l’héritage philosophique destiné à affranchir l’humanité mais qui n’a nullement réussi à nous éviter un XX siècle de barbarie.


Et finalement, 50cm/sans l’aide des dieux, où on assiste au remplacement d’un vieux monde, à la naissance d’un nouveau, au passage des Tyrans à la démocratie (ou du communisme à la chute du mur) et a une perte de repères et d’identité.

Lors de nos précédents spectacles, nous avions construit le projet autour d’un thème, que nous avions confié au développement d’un auteur, ou nous avions choisi une pièce existante parce que celle-ci illustrait le thème que nous envisagions d’une manière ou d’une autre. Nos outils ont toujours été des textes du répertoire, mais également des fragments d’autres matériaux, partant du principe que notre bagage historique et culturel est indispensable pour essayer de façonner une image complète correspondant à la complexité du monde dans lequel nous évoluons.


« Et je vois alors qu’au rebours de tout le jugement prononcé, cette passion, la passion du XX e siècle, n’a nullement été celle de l’imaginaire ou des idéologies. Encore moins celle d’une passion messianique. La terrible passion du XXe siècle a été, contre le prophétisme du IXe, la passion du réel. Il s’agissait d’activer le Vrai, ici et maintenant » (Alain Badiou, Le siècle.)